Grandes inquiétudes des manufacturiers et des élus du Kamouraska et des environs
Réunis en conférence de presse, des représentants d’entreprises manufacturières et des élus de la région ont fait valoir l’importance de maintenir l’exigence d’un contenu local et canadien dans les appels d’offres en transport de matériel roulant. Afin de contrer les pratiques déloyales de certains pays à l’échelle internationale, ils demandent aux deux paliers de gouvernement de protéger un minimum acceptable de contenu local et canadien au bénéfice des travailleurs et des entreprises du secteur manufacturier en transport de matériel roulant du Québec.
D’une même voix, les entreprises manufacturières et les élus de la régionaffirment qu’il est impensable que la clause d’une exigence de contenu local et canadien ne figure pas dans les appels d’offres du Réseau électrique métropolitain (REM) de la Caisse de dépôt et placement du Québec, comme l’a déclaré le premier ministre du Québec la semaine dernière. Cette sortie de M. Couillard fait donc réagir les élus et les représentants des entreprises de la grappe industrielle ferroviaire et de transport terrestre de toute la région. « Le méga projet du REM représente une fenêtre d’opportunité immense pour les travailleurs de l’usine Bombardier de La Pocatière et pour tout le réseau de fournisseurs locaux et régionaux », de mentionner M. Sylvain Hudon, maire de La Pocatière. « En termes d’emploi, l’usine de Bombardier en plus des quatre entreprises manufacturières et des centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) associés au pôle en matériel roulant, représentent près de 10 % de tous les travailleurs du Kamouraska, soit autour de 850 emplois », ajoute-t-il.
Selon M. Bruno Morin, président-directeur général de Graphie 222 de La Pocatière, la concurrence mondiale, particulièrement celle en provenance de la Chine est déloyale. « Les entreprises chinoises ne sont pas soumises à des normes similaires au Québec, ni au Canada en ce qui a trait au travail et à l’environnement », de dire M. Morin, faisant ici référence au plus récent coup dur survenu lors de l’octroi d’un contrat de l’AMT (devenue le RTM) à une compagnie chinoise CRRC.
« Le coût de la main-d’œuvre chinoise représente moins de 20% que celle canadienne. En plus, le coût de la matière première est de 20 % à 30 % inférieure en Chine par rapport au marché international. Du côté des États-Unis, les entreprises de ce pays sont protégées par un niveau de contenu américain de 60%, qui sera majoré à 70% en 2020 », de poursuivre M. Bruno Morin. «Si nous voulons que des entreprises québécoises fabriquent des pièces pour ces voitures et puissent par la suite rayonner à l’international, il est insensé d’avoir un appel d’offres sans aucun contenu canadien pour les contrats au Québec. Des efforts doivent aussi être déployés par nos élus lors des négociations de l’ALENA pour essayer d’assouplir le Buy America Act pour les produits canadiens ou à tout le moins que les produits canadiens soient valorisés par rapport à ceux provenant d’un non-membre de l’ALÉNA », insiste-t-il.
Pour sa part, M. Paul Cartier, de Technologies Lanka de La Pocatière, maintenant une filiale de la multinationale Knorr-Bremse, mentionne qu’il travaille sur les projets de l’AMT et du REM avec les filiales de Knorr-Bremse basées en Chine. « Les technologies développées au Québec créent de l’emploi en Chine. Avec les exigences de contenu local et des autres formes de protectionnisme aux États-Unis et en Chine, il devient difficile de justifier la présence d’une usine dans un contexte où, au Canada, il n’y a aucun minimum local », de renchérir M. Cartier.
Du côté du député fédéral de Montmagny—L’Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup, M. Bernard Généreux, il soutient que « dans un contexte économique comme celui qui se dessine sur l’échiquier mondial, pour la défense de nos créneaux d’excellence, de notre savoir-faire innovant, de nos percées en recherche et développement et des manufacturiers québécois et canadiens, il est du devoir du gouvernement du Québec de prendre les choses en main et de reconnaître qu’il faut apposer des limites minimales de contenu canadien. On ne peut pas se permettre, sous le prétexte d’économie à court terme, de laisser filer des salaires et des retombées financières. Puisque nos régions se dévitalisent, que notre main-d’œuvre quitte et que nos entrepreneurs talentueux peinent à croître, je réalise que ce changement est nécessaire et qu’une vision à long terme s’impose. »
Les élus sont aussi bien conscients de l’impact d’une économie saine sur la vitalité des régions qu’ils représentent. Ces derniers conviennent qu’un point de non-retour a été atteint et que c’est en travaillant coude-à-coude que les emplois et l’expertise régionale pourront être conservés.
« Les entreprises manufacturières innovantes du Kamouraska possèdent actuellement les connaissances et l’expertise liées aux spécificités techniques exigées. Il est impensable que la plupart des pays et des provinces comme l’Ontario établissent un seuil minimal de contenu local et que le Québec puisse n’en avoir aucun. C’est tout le secteur manufacturier de la province qui est fragilisé et celui de notre région sérieusement menacé », de préciser M. Yvon Soucy, préfet élu de la MRC de Kamouraska.
Afin de contrer les pratiques déloyales à l’échelle internationale de certains pays, les élus et les représentants d’entreprises manufacturières de la région demandent ainsi aux deux paliers de gouvernement de protéger un minimum acceptable de contenu local et canadien au bénéfice des travailleurs et des entreprises du secteur manufacturier en transport de matériel roulant du Québec.